( Je me suis dit que pour inaugurer ce petit blog, je pourrais publier
le petit message que j’avais écrit sur le forum de LCPAN, à l’époque des
débats sur la loi Création et Internet (celle qui a enfanté la HADOPI,
souvenez-vous !).
Soyez indulgents, je l’avais écrit entre 3 et 5h du mat’, il y a plus
de trois ans, maintenant…
Autant dire que j’étais un petit jeune qui connaissait encore moins de
choses qu’aujourd’hui… !
Article datant d’avril 2009. )
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Toute cette histoire finit presque par être lassante … A vrai dire, il faut vraiment être tenace pour espérer se faire entendre.
Mais d’un autre côté, le gouvernement (ou du moins, une bonne partie de l’UMP) se moque de ses électeurs, sincèrement.
Lors des élections présidentielles, on nous promettait (même si la crise ne touchait pas encore le pays) de réduire les dépenses de l’Etat pour réduire la dette française. On nous promettait de remettre la France dans le droit chemin, faire des réformes qui pourraient être douloureuses, mais étant pensées pour avoir des résultats sur le long terme.
Mais le temps passe, et je me demande « de qui se moque-t-on ? ». Une aide pour les banques de plusieurs milliards d’euros par ici, une loi HADOPI coûtant des millions d’euros par là … Conjugué à quelques autres projets de loi douteux, mais pas seulement. Je rappelle qu’un débat sur l’inceste à l’AN a été repoussé pour discuter de l’Hadopi en seconde lecture dans l’urgence. Ils ont un sens étrange des priorités visiblement en haut de la pyramide.
Quand on fait un petit constat rapide … On retire l’argent du système éducatif (entre autres, on pourrait aussi parler des discussions sur la sphère judiciaire ou encore les hôpitaux) pour investir dans des projets ne rapportant strictement rien à terme, et parfois inutiles. Jolie maîtrise de l’économie, franchement.
Alors certes, ce n’est pas aussi simple que ça, mais avec un peu de pragmatisme et d’objectivité, on se rend vite compte qu’il y a peut-être des aberration dans cette gestion des finances de l’Etat.
Mais revenons quelques instants sur ce projet de loi « Création et Internet », qui porte très mal son nom par ailleurs.
Cela a été dit, rabâché, répété, crié, écrit, réécrit maintes et maintes fois : c’est un texte liberticide, inutile, et inefficace de surcroît.
Les raisons liées à la technologie ne manquent pas, mais les problèmes liés au bon sens ne manquent pas non plus.
Alors, pour commencer, jetons un œil sur l’aspect « technique » de cette loi.
Le principe de base est donc très simple.
Il est donc question de repérer des IPs sur des réseaux P2P pour détecter ainsi un pirate et le sanctionner.
Le concept est plutôt simpliste aux premiers abords, et paraîtrait logique à toute personne étrangère au monde informatique (bien qu’il soit dur, de nos jours, d’échapper à cette révolution numérique).
Mais en réalité il n’en est rien, et des millions d’internautes (par ailleurs citoyens français, ne l’oublions pas) se battent corps et âme pour démontrer de la manière la plus simpliste et irréfutable (par « a+b ») que ce n’est pas si simple.
Pour commencer, l’IP n’est absolument pas un indice fiable, et de nombreux procès ont aboutis à des non-lieu à cause de la fragilité de cette preuve.
L’IP est une signature numérique falsifiable à volonté, contournable très facilement pour n’importe quel débutant.
Pour exemple : Des sites de streaming américain n’autorisent la lecture de leurs contenus qu’aux internautes américains; il faut donc avoir une IP américaine pour y accéder.
En faisant une simple recherche sur notre bien-aimé Google, des dizaines (que dis-je, des centaines, voire milliers !) d’IP proxys s’offrent à nous. Permettant ainsi de visualiser ces vidéos réservées aux citoyens américains.
Il n’est même pas nécessaire d’être expert. Des sites font le travail à votre place sans problème.
Une connexion internet n’appartient d’ailleurs pas à une seule et unique personne (l’abonné). Des colocataires, une famille, des étudiants, des entreprises … Et il faudrait donc condamner tout un groupe d’individus pour l’erreur d’un seul d’entre eux ? Il me semble que ce n’est pas le sens de la justice qui ait été inculqué à bon nombre de français pourtant.
Je ne vais pas non plus établir la liste des défauts que comporte l’adresse IP, mais ces petits exemples précédemment évoqués suffisent à prouver que des failles existent, et que ce projet de loi est déjà inapplicable, sous peine de voir puni des innocents.
Mais soit. Admettons que, sous couvert d’une mission éducative contre le piratage, cette loi puisse être appliquée, et voyons voir les conséquences que cela pourrait engendrer.
La disparition de présomption d’innocence, pour commencer. Car, après la sanction finale (coupure de l’abonnement), l’abonné devra prouver sa bonne foi. Chose totalement surprenante que d’appliquer une sanction avant tout jugement.
Surtout lorsqu’il est impossible de prouver son innocence, dû à la complexité de l’informatique qui permet de « tout faire ».
Il faudra donc installer un mouchard qui serait certifié « Hadopi » qui sera payant et posant des problèmes d’interopérabilité sur son ordinateur. Lequel mouchard sera en connexion permanente avec la Haute Autorité qui pourra ainsi savoir si la connexion s’est connectée à un réseau P2P ou non.
J’estime qu’internet ne doit être surveillé de la sorte. Qu’il s’agirait de mettre en place des caméras traquant les citoyens allant faire les courses, se rendant à un concert, allant chez des amis …
Comment permettrions-nous une telle intrusion dans notre vie privée ?
Là encore, ce mouchard pose problème. Il est probablement la seule solution permettant de savoir ou non si une connexion a été sur un réseau P2P, mais cette solution est irrecevable et inacceptable.
Je tiens d’ailleurs à préciser un autre point important : Réseau P2P ne va pas de paire avec illégalité.
Il s’agit d’un système de partage de fichiers, et rien d’autre. Bon nombre d’œuvres légalement téléchargeables y sont donc disponibles (je pense notamment aux torrents disponibles sur Jamendo).
Faisons donc un bref résumé de ce qui a été dit depuis le début : Il est question de sanctionner un utilisateur ne pouvant prouver son innocence d’avoir laissé sa connexion internet pénétrer un réseau P2P.
Tout de suite, la loi perd de son bon sens. Et plus encore si l’on pense au fait qu’une connexion internet peut être partagée par une multitude d’ordinateurs ou portables grâce à la magie du Wifi.
Voici donc une petite esquisse des innombrables hérésies que comporte la loi sur le plan – plus ou moins – technique.
Comme cela a déjà été dit brillamment sur internet par une lycéenne de 17 ans à François Copé, « Ce que nous vivons, c’est une révolution numérique ».
A ce titre, il faut recadrer le contexte dans lequel nous nous trouvons.
L’ère du numérique est en pleine expansion. Des choses qui étaient digne de la plus grande Science-Fiction est désormais réalisable grâce aux multiples innovations que permettent le progrès technique.
Les NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de Communication) sont désormais présentes partout.
Elles sont un des éléments les plus importants de la croissance, car elles permettent une productivité accrue dans tous les domaines et une baisse des coûts de production de manière générale (n’oublions pas, l’année dernière, le débat qu’a suscité l’apparition des caisses automatiques dans la grande distribution).
Comme l’a dit il y a quelques temps André Manoukian, « Internet a rendu la créativité aux mômes ».
Car le partage culturel que permet cette rapidité de communication mène à un melting-pot artistique. Et l’on découvre aujourd’hui des artistes au style unique et accrocheur qui attirent l’oreille des amateurs de musique.
Il ne s’agit pas seulement d’une révolution numérique, mais aussi culturelle.
La culture devient universelle, et le savoir aussi !
Internet est une source infinie de connaissance et de découvertes. Le web 2.0 permet des débats d’idées constructifs qui forment l’opinion du peuple.
Internet est un outil ludique universel, un monument incontournable de la communication ! C’est d’ailleurs la position de l’Union Européenne qui a récemment adopté l’Amendement dit « Bono » allant à l’encontre de la loi Hadopi.
Je conçois qu’Internet puisse faire peur de par l’autonomie et le savoir qu’acquièrent les individus, mais il n’est pas question de laisser un tel projet de loi ouvrir les portes du filtrage généralisé de cet espace si attractif.
Il faut voir ce développement numérique de façon positive, car quoi qu’il arrive, une révolution majeure finit toujours pas prend place dans la société.
Le gouvernement veut repousser indéniablement l’échéance marquant la fin d’un modèle économique qu’il contrôlait, et qu’il contrôle.
Avec un tel bouleversement, il est presque évident que certaines personnalités politiques vont perdre de leur « pouvoir », car incapables de s’adapter à un tel changement de la société.
Et pourtant, c’est tout un nouveau modèle qui doit se mettre en place avec l’omniprésence des NTIC.
Un monde sans maisons de disques ? Je pense sincèrement que c’est possible. Si l’on observe attentivement, depuis quelques décennies, les musiciens avait besoin de ces dernières.
Le seul moyen de diffuser les oeuvres demandait un coût de production terriblement colossal qu’un artiste ne pouvait financer.
Les majors ont ainsi apparu en se faisant des bénéfices monstrueux sur le dos de petits artistes nécessiteux. Mais aujourd’hui, le schéma est tout autre.
Nous avons affaire à des artistes qui ont les moyens de diffuser leur musique de façon totalement gratuite. Et les exemples ne manquent pas ces derniers temps, avec Nine Inch Nails (NIN) et Motorhead par exemple. Ces deux groupes qui ont diffusé leurs albums gratuitement ont quand même eu des bénéfices très importants. Le dernier album de NIN a ainsi été une des meilleures ventes sur le site d’Amazon l’an dernier si je ne me trompe pas.
Gratuité ne veut donc pas dire « mort de la rémunération », bien au contraire.
Le web 2.0 permet de créer un lien étroit entre le fan et l’artiste. Il s’agit un peu de « fidéliser ses auditeurs ». Et n’est-ce pas là le meilleur moyen de garder une clientèle intéressante ?
De plus, la musique ne se concentre pas uniquement sur le travail en studio. J’estime qu’être musicien, c’est d’abord jouer en live, proche de son public. Sans arrangement, on voit l’artiste tel qu’il est, de manière « brute ».
Et les concerts sont évidemment une part du revenu des artistes d’autant plus importante que le lien avec ses fans est fort.
C’est tout un nouveau système qui se met progressivement en place, et il n’y a aucune raison d’aller à l’encontre d’un développement aussi naturel.
Je ne vais pas m’éterniser sur le sujet, il y a bien trop de choses à dire qui pourraient être intéressantes à raconter.
Mais j’ai pointé là quelques éléments qui font de ce texte un projet de loi obsolète et dépassé (des solutions de téléchargement contournant le P2P existent déjà : le DDL [Direct Download], le F2F [Friend-2-Friend], et des dizaines d’autres).
Ce texte engendre des coûts très importants : Au niveau de l’Etat pour mettre en place l’HADOPI, au niveau des internautes qui devront payer le Mouchard (et un OS made in Microsoft à cause de l’interopérabilité) et leur abonnement même coupé, et bien d’autres encore. Car une estimation a été faite : Pour protéger une PME de 20 employés de tout problème avec l’Hadopi, il faudrait débourser de 10 à 20 000 euros (car les employés ne sont pas des forcément des anges après tout.
Et cela, uniquement pour la sécurisation du réseau de l’entreprise, article à cette adresse :
http://pro.01net.com/editorial/501195/hadopi-engendre-un-surcout-de-10-000-a-20-000-euros/
Vous l’avez donc compris, c’est une loi sans intérêt, dangereuse car égoïste.
Dangereuse, car elle ne tient pas compte de la « révolution numérique ».
Il ne faut pas être un expert pour se rendre compte qu’à l’évidence, ce projet de loi est d’ores et déjà dépassé et inefficace. Qu’il est inutile de nager à contre courant dans les eaux du développement numérique et économique, car la technologie et l’innovation balayeront les tentatives vaines d’un immobilisme incompréhensible.