Numerama, Atos, Streisand – threesome

Categories: Actu
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Published on: 28 juin 2012

Il y a quelques jours, il y a eu une petite histoire rigolote.

 

Barbra Streisand
Hello, my name is STREISAND. Barbra Sreisand.

 

Le 21 juin dernier, Numerama publiait un article à propos de la sécurisation du vote par internet aux législatives de 2012.
L’objet de cet article était un fichier PDF décrivant l’infrastructure mise en place par Atos, pour l’hébergement de la solution de vote électronique.

A la publication de l’article, Paul Da Silva anticipait la réaction de l’entreprise sur Twitter en annonçant une probable tentative de censure.

Jackpot : le lendemain, Numerama recevait une mise en demeure.
L’article a été retiré, mais l’effet Streisand, lui, a rendu le fichier totalement impossible à censurer. Il existe des personnes dont la stupidité confine à l’infini. Pourtant, ces mecs bossent dans le numérique. Ils savent que ce qu’ils ont fait relève de la folie, et que ça déclenche forcément une réaction en chaîne qu’ils ne contrôlent pas.

Ils savent que ça attise la haine à leur égard, que ça fait un gros bad buzz, que ça se retournera contre eux en diversifiant les sources du fichier, que ça portera l’attention sur eux alors que personne n’était au courant avant…

Bon, toujours est-il que je me rattrape, et que je mets le fichier à disposition ici aussi.

Streisand it !

Madame Figaro, ou la censure qui engendre un bad buzz

Update 28/06/12, 13h45 :
Sur Madame Figaro (marque) a été mis en ligne un article de la direction à propos de cette affaire.
La méthode de défense, c’est celle bien connue du #Spanou : c’est automatique, on n’est pas des catins, en vrai !
Le Figaro a donc proposé à Elise Figaro (l’institutrice) une tribune libre sur leur site… l’art de tout tenter pour arranger son image…
Et pendant ce temps, sur les pages facebook, le Figaro continue de supprimer des commentaires (même légitimes, et postés sur les statuts prévus à cet effet).
___________

 

Ce matin, en traînant sur les petits sites que j’ai l’habitude de consulter pour me tenir informé de l’actu numérique (checkez donc la rubrique « liens conseillés »), j’ai appris que le Figaro avait censuré une pauvre institutrice qui a le malheur de porter le même nom que le journal.

Ou plutôt devrions-nous dire : « qui a le malheur de voir son nom utilisé de manière abusive par le journal de droite que tout le monde connaît. ».

 

Bannière "La classe de Madame Figaro"
La classe de Madame Figaro

Madame Figaro est une institutrice. Ses élèves l’appellent tout naturellement « Madame Figaro ».
Tout naturellement, lorsqu’elle a décidé de monter un blog où elle raconterait des petites histoires ayant rapport avec le monde scolaire (et uniquement scolaire), elle n’a rien trouvé de mieux que de l’appeler « La classe de Madame Figaro ».

Jusque là, tout semble logique. Elle s’appelle Figaro, elle est instit’, elle fait un blog dessus… le nom est plus qu’approprié.

Logique… mais pas pour le journal.

Le Figaro, quant à lui, a une déclinaison de son journal qui s’appelle « Madame Figaro ».
Un site féminin d’actu, très girly, très mode, très fashion, lifestyle… des trucs passionnants, en somme. Mais qui n’ont rien à voir avec le monde scolaire.

Mais le Figaro a peur. Le Figaro craint pour son image. Le Figaro se fait dessus à l’idée que les gens confondent « La classe de Madame Figaro » avec son journal (on va appeler ça comme ça) « Madame Figaro ».

Donc, ils ont été voir le cabinet d’avocats Nomos, pour faire peur à l’institutrice, afin qu’elle change le nom de son blog.  Et ils n’y ont pas été de main morte, la menaçant de « 3 ans d’emprisonnement et 300.000 Euros d’amende ». Ils n’y vont clairement pas avec le dos de la cuillère, comme on dit.

Notons au passage que Numerama signale que le journal le Figaro a la loi contre lui. Ce qui a été confirmé par l’INPI (ça, c’est tonton Korben qui me l’a soufflé à l’oreille).

 

Capituler, avant de vaincre ?

Avec cette pression, madame Figaro a préféré jeter l’éponge, et renommer son blog « Les chantiers de l’apprentissage » (lien vers l’article où elle évoque le sujet).

Pendant ce temps, sur les pages Facebook du Figaro et de Madame Figaro, les commentaires de soutien à la vraie Madame Figaro pleuvent.
Face à cette levée de boucliers, le Figaro semble se raviser.

 

Message du Figaro
Le Figaro ferait-il machine arrière ?

Et l’institutrice dans la tourmente semble le confirmer sur son blog. Elle aurait reçu un mail de Madame Figaro laissant penser qu’elle pourrait reprendre son pseudo, voire son nom de blog.

 

Affaire à suivre, donc. Mais toujours est-il que ça a fait un sacré bad buzz au journal, qui a, entre autres, essuyé des centaines de commentaires de personnes outrées comme moi. Les modérateurs ont du pain sur la planche ! #alloCensure 🙂

 

Pour finir, related vid !

Jump à 3:20 :).

Du mensonge en politique… #asUsual

Il est des expériences qui, parfois, révèlent ce que tout le monde sait, sans forcément pouvoir le prouver.
C’est ce qu’il m’est récemment arrivé avec l’un de mes élus locaux, candidat aux dernières législatives qui viennent de s’achever.
Cet épisode m’ayant quelque peu agacé, et la personne concernée ayant vraisemblablement refusé toute discussion, je me suis dit que j’allais en faire un billet. Libre à lui de se défendre si jamais l’envie lui en prend. *poke*

 

Quatrième circonscription de l’Essonne, fief de NKM.

 

Installons le décor. Fin mai 2012, la campagne des législatives bat son plein.

Dans ma circo, on a le droit à une exposition médiatique un peu supérieure à la normale (mais unilatérale, l’opposant n’ayant pas accès aux mêmes médias; c’est beau, l’équité). C’est ici que se présente ‎Nathalie Kosciusko Morizet, pour accéder à la députation. Inutile de la présenter, donc.

Face à elle, Olivier Thomas, conseiller régional d’Île-de-France et maire PS de Marcoussis. Bon vivant, antiraciste, passionné de cinéma, œuvrant – entre autres – pour le développement de la culture à l’échelle locale, et plutôt accessible.

Bien évidemment, on passera les autres candidats sous silence. Le premier tour étant joué d’avance, comme c’est le cas dans une grande majorité de circonscriptions ( #asUsual ), inutile de s’attarder dessus. L’objet de cet article n’est pas une critique du bipartisme qui nous est imposé, véritable cancer de la représentativité gouvernementale, communément acceptée comme étant un système démocratique dont on ne saurait se passer. Avançons.

 

Le Parti Pirate et la charte ANTICOR

 

Ces élections législatives ont été l’occasion pour le Parti Pirate de se faire connaître et de se confronter à de premières élections nationales, en envoyant 101 candidats à l’assaut de l’Assemblée. Cette formation politique que je suivais depuis 2007 (date de l’histoire du Parti Pirate Canal Historique) a la particularité d’avoir demandé à ses candidats de s’engager à signer la charte Anticor, ainsi qu’à adhérer à l’association du même nom.

La charte Anticor (pdf), c’est un petit document magique. Un condensé d’engagements anti-corruption, pro-transparence et éthique de la vie politique.
Pour faire court, cette charte magique nous rappelle tout ce qu’un élu, représentant du peuple (à qui il a – normalement – des comptes à rendre), devrait faire le plus naturellement du monde.

Pour citer quelques exemples, Anticor impose : le non cumul des mandats dans le temps et l’espace, la transparence sur l’utilisation des indemnités parlementaires, ou encore la lutte contre le lobbyisme.
Je vous laisse lire le document dans son intégralité afin que vous puissiez apprécier tout son contenu.

 

Et pourquoi pas les autres ?

 

Constatant l’état piteux dans lequel se trouve notre (présentée comme telle) « belle démocratie », je me suis demandé si les autres candidats, ceux des gros partis, en faisaient autant.

Pour obtenir une réponse, je suis donc allé directement à la source. J’ai demandé publiquement, via Facebook et/ou Twitter,  aux trois candidats les plus accessibles, s’ils avaient signé la charte.
A savoir : NKM pour l’UMP, M. Serna pour EELV et M. Thomas pour le PS.

Les deux premiers, eux, n’ont pas répondu. Ce fût probablement la solution la plus « safe », mais pas la plus « couillue », si je puis me permettre.

Le seul à répondre a donc été M. Thomas… qui aurait probablement été plus inspiré de faire comme ses deux concurrents…

 

Ouh le vilain mensonge…

 

No comment.
Problème de vue, mauvais fichier ? #mystery

 

A cette réponse, plusieurs choses me passent par la tête :

  • « Merde ! Va falloir que je consulte un ophtalmo au plus vite, ça devient critique si je vois plus les mots correctement! »
  • « On n’a pas dû lire le même pdf, je crois… »
  • « Dafuq ? Le gouvernement socialiste aurait fait autant de réformes majeures en si peu de temps, sans majorité à l’Assemblée Nationale, et sans que je sois au courant !???? 😮 »

Après vérification (on sait jamais, mieux vaut être prudent), il s’avère que non : le cumul des mandats est toujours autorisé. De même que la transparence de la vie politique n’est pas une obligation légale pour un élu. Ou bien, que la lutte contre le lobbyisme n’est pas inscrit dans des textes de loi (corrigez-moi si je me trompe).
Admirez, tout de même la façon dont la question a été esquivée… Il l’a signée, la charte ? Compte-t-il le faire ? #onSaitPas
Le tout enrobé dans un petit mensonge, que dans un élan de bonté incommensurable, nous allons qualifier de « paresse ».

 

La réponse « kitue »

 

Après avoir expliqué que, non, Anticor ne propose pas de simplement respecter la loi…

 

No comment.
O’RLY ?

 

Je me suis senti gêné au moment de lire qu’il « l’avait déjà signée il y a quelques temps ».
De toute évidence, cumulant dans le temps (maire de Marcoussis depuis 2003) et dans l’espace (Maire + Conseiller Régional), il devait y avoir comme un problème…

Mais, admettons. Il est là question de signer la charte. Je salue la démarche, n’y croyant guère… gardons espoir !

Quelques jours plus tard, M. Thomas, via un courrier destiné à ses potentiels électeurs, a indiqué :

« Depuis quelques jours, certains d’entre vous m’interrogent pour savoir si je resterai Maire de Marcoussis en cas de victoire le 17 juin. Je m’y engage, car Marcoussis, vous le savez, est ma première passion. »

Désillusion. C’était donc faux. Pas de charte signée.
Tout ceci provoquant la réaction de quelques personnes y allant chacune de son petit mot, et n’ayant plus de réponse de l’intéressé, j’enfonce un peu le clou, et je taunt une nouvelle fois. Parce que bon, c’est pas beau de mentir, n’est-ce pas ?

Du coup, j’ai pris ma petite calculatrice (xcalc, ma copine), mes amis les z’internets, et donc, mon ami Google – mais via Ixquick, faut pas déconner !
Puis, je suis parti à la chasse. Relativement fructueuse.

J’en ai conclu qu’en cas d’élection aux législatives, en cumulant maire+conseiller régional+député, il y avait un potentiel « pactole » mensuel brut de 11 091,69 €.
Les données, provenant notamment de Wikipedia, étant à prendre avec la fiabilité qu’il se doit, et le calcul étant fait à l’arrache, n’en tirons pas trop de conclusions.

Cela nous donne néanmoins une idée de ce que pourrait être la réalité. On va pas chipoter pour quelques centaines.

 

Last step : rage quit

 

Mes multiples taunts auront fini par agacer, visiblement. Dans la demie heure, j’ai eu le droit à un long paragraphe très peu aéré (assez indigeste, de fait), qui sentait bon la sincérité et la franchise.

J’y apprends que je suis un « démago qui ne connaît pas les règles », que je me « prends pour un flic »,  que mes « ‘enquêtes’ sont limites »…

 

No comment.
Ah ! Un peu de franchise !

Suite à ce message, l’intéressé m’a banni de son compte facebook, et n’a plus jamais donné de nouvelles.
Pour un élu, réagir de la sorte face à un citoyen/électeur qui pose des questions légitimes, c’est moyen, un peu.

En attendant, je me demande toujours comment concilier un taff de maire qui prend 80h/semaine ( = presque 12h/jour, incluant le weekend), avec celui de député… si vous avez des idées, n’hésitez pas à les partager.

Je trouve ça dommage, de mentir. Répondre d’office comme il l’a fait à la fin, ça aurait fait gagner du temps, et ça n’aurait posé de problème à personne, j’imagine.
La majorité des électeurs est suffisamment formatée pour ne pas tenir compte de ce genre de choses. C’est tellement accessoire, vous comprenez…

 

Conclusion

 

L’histoire s’est terminée sur une victoire de NKM le 17 juin dernier. Chose que je ne peux que déplorer…
Oui, M. Thomas. On peut faire des critiques (qui ne sont d’ailleurs pas liées à votre personne, mais à quelque chose de plus global dont vous n’êtes pas spécialement responsable), sans pour autant être ennemi.

Ça semble choquer… et pourtant, il n’y a rien de plus sain, m’est avis. Le débat démocratique, #toussa…
A bon entendeur…
Plus d’infos sur Anticor :  anticor.org

Petite réflexion sur la Hadopi

Categories: Politique
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Published on: 26 juin 2012

( Je me suis dit que pour inaugurer ce petit blog, je pourrais publier
le petit message que j’avais écrit sur le forum de LCPAN, à l’époque des
débats sur la loi Création et Internet (celle qui a enfanté la HADOPI,
souvenez-vous !).
Soyez indulgents, je l’avais écrit entre 3 et 5h du mat’, il y a plus
de trois ans, maintenant…
Autant dire que j’étais un petit jeune qui connaissait encore moins de
choses qu’aujourd’hui… !
Article datant d’avril 2009. )

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Toute cette histoire finit presque par être lassante … A vrai dire, il faut vraiment être tenace pour espérer se faire entendre.

Mais d’un autre côté, le gouvernement (ou du moins, une bonne partie de l’UMP) se moque de ses électeurs, sincèrement.
Lors des élections présidentielles, on nous promettait (même si la crise ne touchait pas encore le pays) de réduire les dépenses de l’Etat pour réduire la dette française. On nous promettait de remettre la France dans le droit chemin, faire des réformes qui pourraient être douloureuses, mais étant pensées pour avoir des résultats sur le long terme.
Mais le temps passe, et je me demande « de qui se moque-t-on ? ». Une aide pour les banques de plusieurs milliards d’euros par ici, une loi HADOPI coûtant des millions d’euros par là … Conjugué à quelques autres projets de loi douteux, mais pas seulement. Je rappelle qu’un débat sur l’inceste à l’AN a été repoussé pour discuter de l’Hadopi en seconde lecture dans l’urgence. Ils ont un sens étrange des priorités visiblement en haut de la pyramide.
Quand on fait un petit constat rapide … On retire l’argent du système éducatif (entre autres, on pourrait aussi parler des discussions sur la sphère judiciaire ou encore les hôpitaux) pour investir dans des projets ne rapportant strictement rien à terme, et parfois inutiles. Jolie maîtrise de l’économie, franchement.
Alors certes, ce n’est pas aussi simple que ça, mais avec un peu de pragmatisme et d’objectivité, on se rend vite compte qu’il y a peut-être des aberration dans cette gestion des finances de l’Etat.

Mais revenons quelques instants sur ce projet de loi « Création et Internet », qui porte très mal son nom par ailleurs.
Cela a été dit, rabâché, répété, crié, écrit, réécrit maintes et maintes fois : c’est un texte liberticide, inutile, et inefficace de surcroît.
Les raisons liées à la technologie ne manquent pas, mais les problèmes liés au bon sens ne manquent pas non plus.

Alors, pour commencer, jetons un œil sur l’aspect « technique » de cette loi.
Le principe de base est donc très simple.
Il est donc question de repérer des IPs sur des réseaux P2P pour détecter ainsi un pirate et le sanctionner.
Le concept est plutôt simpliste aux premiers abords, et paraîtrait logique à toute personne étrangère au monde informatique (bien qu’il soit dur, de nos jours, d’échapper à cette révolution numérique).
Mais en réalité il n’en est rien, et des millions d’internautes (par ailleurs citoyens français, ne l’oublions pas) se battent corps et âme pour démontrer de la manière la plus simpliste et irréfutable (par « a+b ») que ce n’est pas si simple.
Pour commencer, l’IP n’est absolument pas un indice fiable, et de nombreux procès ont aboutis à des non-lieu à cause de la fragilité de cette preuve.
L’IP est une signature numérique falsifiable à volonté, contournable très facilement pour n’importe quel débutant.
Pour exemple : Des sites de streaming américain n’autorisent la lecture de leurs contenus qu’aux internautes américains; il faut donc avoir une IP américaine pour y accéder.
En faisant une simple recherche sur notre bien-aimé Google, des dizaines (que dis-je, des centaines, voire milliers !) d’IP proxys s’offrent à nous. Permettant ainsi de visualiser ces vidéos réservées aux citoyens américains.
Il n’est même pas nécessaire d’être expert. Des sites font le travail à votre place sans problème.

Une connexion internet n’appartient d’ailleurs pas à une seule et unique personne (l’abonné). Des colocataires, une famille, des étudiants, des entreprises … Et il faudrait donc condamner tout un groupe d’individus pour l’erreur d’un seul d’entre eux ? Il me semble que ce n’est pas le sens de la justice qui ait été inculqué à bon nombre de français pourtant.
Je ne vais pas non plus établir la liste des défauts que comporte l’adresse IP, mais ces petits exemples précédemment évoqués suffisent à prouver que des failles existent, et que ce projet de loi est déjà inapplicable, sous peine de voir puni des innocents.

Mais soit. Admettons que, sous couvert d’une mission éducative contre le piratage, cette loi puisse être appliquée, et voyons voir les conséquences que cela pourrait engendrer.
La disparition de présomption d’innocence, pour commencer. Car, après la sanction finale (coupure de l’abonnement), l’abonné devra prouver sa bonne foi. Chose totalement surprenante que d’appliquer une sanction avant tout jugement.
Surtout lorsqu’il est impossible de prouver son innocence, dû à la complexité de l’informatique qui permet de « tout faire ».
Il faudra donc installer un mouchard qui serait certifié « Hadopi » qui sera payant et posant des problèmes d’interopérabilité sur son ordinateur. Lequel mouchard sera en connexion permanente avec la Haute Autorité qui pourra ainsi savoir si la connexion s’est connectée à un réseau P2P ou non.
J’estime qu’internet ne doit être surveillé de la sorte. Qu’il s’agirait de mettre en place des caméras traquant les citoyens allant faire les courses, se rendant à un concert, allant chez des amis …
Comment permettrions-nous une telle intrusion dans notre vie privée ?
Là encore, ce mouchard pose problème. Il est probablement la seule solution permettant de savoir ou non si une connexion a été sur un réseau P2P, mais cette solution est irrecevable et inacceptable.

Je tiens d’ailleurs à préciser un autre point important : Réseau P2P ne va pas de paire avec illégalité.
Il s’agit d’un système de partage de fichiers, et rien d’autre. Bon nombre d’œuvres légalement téléchargeables y sont donc disponibles (je pense notamment aux torrents disponibles sur Jamendo).

Faisons donc un bref résumé de ce qui a été dit depuis le début : Il est question de sanctionner un utilisateur ne pouvant prouver son innocence d’avoir laissé sa connexion internet pénétrer un réseau P2P.
Tout de suite, la loi perd de son bon sens. Et plus encore si l’on pense au fait qu’une connexion internet peut être partagée par une multitude d’ordinateurs ou portables grâce à la magie du Wifi.

Voici donc une petite esquisse des innombrables hérésies que comporte la loi sur le plan – plus ou moins – technique.
Comme cela a déjà été dit brillamment sur internet par une lycéenne de 17 ans à François Copé, « Ce que nous vivons, c’est une révolution numérique ».
A ce titre, il faut recadrer le contexte dans lequel nous nous trouvons.

L’ère du numérique est en pleine expansion. Des choses qui étaient digne de la plus grande Science-Fiction est désormais réalisable grâce aux multiples innovations que permettent le progrès technique.
Les NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de Communication) sont désormais présentes partout.
Elles sont un des éléments les plus importants de la croissance, car elles permettent une productivité accrue dans tous les domaines et une baisse des coûts de production de manière générale (n’oublions pas, l’année dernière, le débat qu’a suscité l’apparition des caisses automatiques dans la grande distribution).
Comme l’a dit il y a quelques temps André Manoukian, « Internet a rendu la créativité aux mômes ».
Car le partage culturel que permet cette rapidité de communication mène à un melting-pot artistique. Et l’on découvre aujourd’hui des artistes au style unique et accrocheur qui attirent l’oreille des amateurs de musique.
Il ne s’agit pas seulement d’une révolution numérique, mais aussi culturelle.
La culture devient universelle, et le savoir aussi !
Internet est une source infinie de connaissance et de découvertes. Le web 2.0 permet des débats d’idées constructifs qui forment l’opinion du peuple.
Internet est un outil ludique universel, un monument incontournable de la communication ! C’est d’ailleurs la position de l’Union Européenne qui a récemment adopté l’Amendement dit « Bono » allant à l’encontre de la loi Hadopi.
Je conçois qu’Internet puisse faire peur de par l’autonomie et le savoir qu’acquièrent les individus, mais il n’est pas question de laisser un tel projet de loi ouvrir les portes du filtrage généralisé de cet espace si attractif.

Il faut voir ce développement numérique de façon positive, car quoi qu’il arrive, une révolution majeure finit toujours pas prend place dans la société.
Le gouvernement veut repousser indéniablement l’échéance marquant la fin d’un modèle économique qu’il contrôlait, et qu’il contrôle.
Avec un tel bouleversement, il est presque évident que certaines personnalités politiques vont perdre de leur « pouvoir », car incapables de s’adapter à un tel changement de la société.
Et pourtant, c’est tout un nouveau modèle qui doit se mettre en place avec l’omniprésence des NTIC.
Un monde sans maisons de disques ? Je pense sincèrement que c’est possible. Si l’on observe attentivement, depuis quelques décennies, les musiciens avait besoin de ces dernières.
Le seul moyen de diffuser les oeuvres demandait un coût de production terriblement colossal qu’un artiste ne pouvait financer.
Les majors ont ainsi apparu en se faisant des bénéfices monstrueux sur le dos de petits artistes nécessiteux. Mais aujourd’hui, le schéma est tout autre.
Nous avons affaire à des artistes qui ont les moyens de diffuser leur musique de façon totalement gratuite. Et les exemples ne manquent pas ces derniers temps, avec Nine Inch Nails (NIN) et Motorhead par exemple. Ces deux groupes qui ont diffusé leurs albums gratuitement ont quand même eu des bénéfices très importants. Le dernier album de NIN a ainsi été une des meilleures ventes sur le site d’Amazon l’an dernier si je ne me trompe pas.
Gratuité ne veut donc pas dire « mort de la rémunération », bien au contraire.
Le web 2.0 permet de créer un lien étroit entre le fan et l’artiste. Il s’agit un peu de « fidéliser ses auditeurs ». Et n’est-ce pas là le meilleur moyen de garder une clientèle intéressante ?
De plus, la musique ne se concentre pas uniquement sur le travail en studio. J’estime qu’être musicien, c’est d’abord jouer en live, proche de son public. Sans arrangement, on voit l’artiste tel qu’il est, de manière « brute ».
Et les concerts sont évidemment une part du revenu des artistes d’autant plus importante que le lien avec ses fans est fort.
C’est tout un nouveau système qui se met progressivement en place, et il n’y a aucune raison d’aller à l’encontre d’un développement aussi naturel.

Je ne vais pas m’éterniser sur le sujet, il y a bien trop de choses à dire qui pourraient être intéressantes à raconter.
Mais j’ai pointé là quelques éléments qui font de ce texte un projet de loi obsolète et dépassé (des solutions de téléchargement contournant le P2P existent déjà : le DDL [Direct Download], le F2F [Friend-2-Friend], et des dizaines d’autres).
Ce texte engendre des coûts très importants : Au niveau de l’Etat pour mettre en place l’HADOPI, au niveau des internautes qui devront payer le Mouchard (et un OS made in Microsoft à cause de l’interopérabilité) et leur abonnement même coupé, et bien d’autres encore. Car une estimation a été faite : Pour protéger une PME de 20 employés de tout problème avec l’Hadopi, il faudrait débourser de 10 à 20 000 euros (car les employés ne sont pas des forcément des anges après tout.
Et cela, uniquement pour la sécurisation du réseau de l’entreprise, article à cette adresse :
http://pro.01net.com/editorial/501195/hadopi-engendre-un-surcout-de-10-000-a-20-000-euros/
Vous l’avez donc compris, c’est une loi sans intérêt, dangereuse car égoïste.
Dangereuse, car elle ne tient pas compte de la « révolution numérique ».
Il ne faut pas être un expert pour se rendre compte qu’à l’évidence, ce projet de loi est d’ores et déjà dépassé et inefficace. Qu’il est inutile de nager à contre courant dans les eaux du développement numérique et économique, car la technologie et l’innovation balayeront les tentatives vaines d’un immobilisme incompréhensible.

Albator
Merci Albator ! :).
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